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Le CAF d’Albertville soutient

La Directive Territoriale d’Aménagement (DTA) des Alpes du Nord

mardi 18 mai 2010, par Jean-Pierre SAINT-GERMAIN

Texte intégral de l’avis rendu au Commissaire enquêteur en réponse à l’enquête publique.

Le Club Alpin Français d’Albertville regroupe plus de 1000 membres pratiquant les sports de Montagne suivants : Alpinisme, randonnée, escalade, canyoning, ski-alpinisme, ski alpin de piste, raquette à neige. Il est très présent parmi les jeunes de moins de 18 ans grâce notamment à son école d’aventure, son école de ski et son école d’escalade.

Nous soutenons vivement le projet de DTA des Alpes du Nord dans sa forme actuelle. Le lancement de l’enquête publique est une très bonne nouvelle du fait des multiples difficultés surmontées pour y aboutir. Le très long délai qui s’est écoulé entre les premiers travaux qui ont conduit au livre Blanc et aujourd’hui, a permis d’améliorer le projet et de prendre en compte de nombreuses remarques.

Le Club Alpin Français d’Albertville est particulièrement attentif aux points suivants :

- Préservation de terrains nécessaires à une activité agricole de montagne.
La déprise agricole par urbanisation des terrains cultivables mécaniquement est particulièrement sensible dans le bassin Albertvillois. A contrario, la complémentarité entre tourisme et production agricole locale (produits laitiers, fruits, vins, viandes…) est un facteur important du dynamisme économique en Beaufortain, Bauges et Combe de Savoie.

- Préservation des écosystèmes et des paysages montagnards.
Le Club Alpin Français d’Albertville, en tant qu’acteur de la vie touristique par la promotion des activités de pleine nature et par son parc d’hébergements en refuge est particulièrement sensible à l’attractivité du territoire et au maintien de son patrimoine biologique et paysager. Nous sommes absolument persuadés que l’avenir des régions alpines est intimement lié à la qualité de son environnement qui doit être préservé et dans de nombreux cas amélioré.

- Préservation de la ressource en eau, encadrement des projets d’enneigement artificiel.
Nous le constatons physiquement, la quantité de pluie, de neige, de glace a été profondément modifiée ces dernières décennies. La ressource en eau devient un enjeu stratégique tendu, nous le vivons à chaque fois que nous tentons de nous opposer aux projets d’installations de captage ou de retenue collinaire pour des besoins non vitaux comme la neige artificielle.

Nous aurions aimé que la DTA aille plus loin dans la maitrise des projets de cette nature, en proposant par exemple, qu’à tout projet de modification de domaine skiable soit systématiquement associée une étude argumentée sur la ressource en neige, le besoin en enneigement artificiel, et en conséquence le besoin d’eau. Actuellement les projets de retenue collinaire apparaissent périodiquement dans une même station sans qu’aucune étude complète globale ne soit faite (exemple de Val d’Isère avec une 3ème demande en 6 ans de création de retenue).

- Maintien de l’emprise des stations de ski dans un périmètre prédéfini.
Le besoin aujourd’hui d’extension des domaines skiables et des parcs immobiliers est incompréhensible. Le nombre de pratiquants diminue chaque année, les hébergements ne sont vraiment pleins que 2 semaines par an. Le marché des sports d’hiver ne trouve sa dynamique que dans la mise en concurrence des domaines entre eux, provoquant une surenchère de propositions d’hébergements de plus en plus luxueux, énergivore et consommateur en eau, une surenchère sur le kilométrage de pistes de ski possible.
Le Club Alpin Français d’Albertville, qui compte parmi ses activités de loisir le ski alpin désapprouve ce fonctionnement qui pousse à une augmentation des tarifs et éloigne le public de proximité.
Cette extension réduit l’espace vital d’autres activités de pleine nature, privant l’économie touristique d’activités diversifiées.

- Garantie d’un système de transport durable dans les Alpes du Nord. Le dossier des transports en montagne est suivi par la fédération depuis de nombreuses années. Nous avons pris une orientation claire depuis l’accident du tunnel du Mont Blanc qui a relevé le danger de faire monter à 1200 mètres d’altitude, dans les vallées, des camions de 40 tonnes. Nous sommes donc vigilants sur toute nouvelle création de voie pouvant provoquer l’augmentation de trafic routier en montagne.
Nous soutenons toute initiative qui conduit à favoriser le transport sur rail de marchandises, ainsi que les transports collectifs de personnes conduisant à limiter le transport par la route des personnes se rendant en montagne pour leur loisir.

Dans le contexte exposé de croissance démographique, la DTA, sous sa forme actuelle et opposable, nous semble nécessaire à la préservation du milieu montagnard. Nous la soutenons.